Le projet, porté par Jacques Chirac et réalisé par Jean Nouvel, a été inauguré le 20 juin 2006.
1
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
2
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
À l'intérieur, une longue rampe sinueuse de faible pente parcourue par une installation d'art vidéo conduit les visiteurs du hall d'entrée du rez-de-chaussée au plateau des collections permanentes, situé au premier étage du bâtiment-pont, en offrant des points de vues sur les salles inférieures. Cette galerie longue de 200 mètres, est plongée dans la pénombre. Le parcours suit une allée centrale conçue à l'image d’une rivière, illustrant à la fois l'originalité des civilisations et leurs contacts.
3
L’Afrique des Routes.
L’Afrique a une histoire.
Le problème idéologique auquel l'Occident est confronté renvoie à une définition obsolète mais néanmoins enracinée qui fait de l'écriture le point de rupture avec la préhistoire. Or le terme « Histoire » vient du mot grec « enquête », et l'historien Marc Bloch a confirmé depuis longtemps qu'en histoire, « tout est source ».
Cette histoire est la plus vieille du monde. Les spécialistes s'accordent aujourd'hui pour situer les origines de l'être humain en Afrique, au sud du Sahara.
L'exposition met en lumière la circulation des cultures africaines au fil de l'Histoire, à l’intérieur mais aussi vers l'extérieur du continent. Elle évoque différentes formes de routes : celles des villes, du commerce, des religions, des formes, de la colonisation et des objets.
Non seulement les Africains ont constamment circulé sur leur continent, mais hommes et idées n’ont cessé d'échanger avec le reste du monde. Il n'a guère existé en Afrique d'isolat humain total. Contrairement aux idées reçues, l'Afrique a toujours été un continent ouvert.
Routes et moyens de transport.
Les routes terrestres, fluviales et maritimes ont naturellement favorisé des déplacements migratoires et des alliances transformant les cultures, diffusant les idées, les savoirs mais aussi les arts depuis des milliers d'années.
Ainsi, des termes comme « tribu », « ethnie », « primitif » ou encore « premier » donnent une perception erronée de l'histoire des peuples d'Afrique ou plutôt des Afriques.
Le portage animal
Vers 3 500 avant notre ère, le cheval facilite le commerce caravanier entre le sud du Sahara et l'Europe, via l'Afrique du nord. Trois millénaires plus tard, il est remplacé par le dromadaire. Porteur de lourdes charges et particulièrement résistant à la soif sur de longues distances, il est introduit par les Berbères sahariens, par la Corne de l’Afrique, au 5e siècle avant notre ère. Il s'impose au début de notre ère.
Hors des zones tropicales sèches et équatoriales humides qui lui sont hostiles, le cheval est un moyen de locomotion de prestige. Monté pour les moyennes distances, il garantit surtout une supériorité en temps de guerre.
4
L’Afrique des Routes. Relevé d'art pariétal
ler millénaire avant notre ère Style dit « garamantique »
Sahara algérien, Tassili n'Ajjer Titerast Peinture sur papier
Cette image du char surprend. Elle fut relevée sur une paroi des roches du Tassili en plein Sahara, verdoyant dans les premiers millénaires avant notre ère. Elle atteste de la connaissance de la roue dans cette région. La figuration fut exécutée par un artiste qui avait vu ou peut-être utilisé ces chars plus vraisemblablement vers le nord du continent.
5
L’Afrique des Routes. Sac de selle de dromadaire
19e siècle Style Touareg
Algérie, Sahara, Tassili n'AJjer Cuir, pigment à base de cuivre
6
L’Afrique des Routes. Tapis de selle de cheval
19e siècle
Style Haoussa Bénin, Djougou
Cuir, coton, indigo, teinture verte à base de cuivre
7
L’Afrique des Routes. Selle de dromadaire
Fin du 19e siècle Style Touareg Ahaggar Algérie, Tamanrasset Bois, cuir, cuivre, teinture végétale
8
L’Afrique des Routes. Selle de cheval
Vers 1850
Éthiopie et Yémen (?)
Cuir, argent, bois
Les joaillers yéménites fournissent régulièrement des parures en argent pour une clientèle éthiopienne. Pour cette raison, le pommeau et le dossier en argent, orné d'une calligraphie arabe à l’arrière, pourraient provenir du Yémen. L’objet dans son ensemble s’inscrit dans le style éthiopien. Le choix des matériaux indique qu'elle appartenait à un cavalier musulman de rang social élevé.
9
L’Afrique des Routes. Cavalier
16e siècle Style Dogon
Mali, région de (a falaise de Bandiagara Bois, métal
Le pays dogon est caractérisé par une immense falaise qui a permis aux peuples de la région d'y trouver refuge depuis plus de sept siècles. Un brassage entre ces populations et le peuple autochtone dit « Tellem » a construit ce pays où quatorze langues sont encore parlées. L’image du cavalier indique le prestige, mais peut également soutenir le mythe de l'histoire guerrière de peuples migrant autrefois vers la falaise.
10
L’Afrique des Routes. Poteau du palais royal de Savé
19e siècle Style Yoruba de la ville de Kétou Bénin, ville de Savé Bois, pigments
11
L’Afrique des Routes. Poteau du palais royal de Savé
19e siècle Style Yoruba de la ville de Kétou Bénin, ville de Savé Bois, pigments
12
L’Afrique des Routes. Prisonnier nubien
Entre 1290 et 1069 avant notre ère, époque ramesside Égypte
Faïence silicieuse
Les pharaons du Nouvel Empire (de 1550 à 1070 avant notre ère) bâtissent des temples en Nubie (au nord du Soudan actuel) pour y exercer un contrôle à la fois religieux, administratif et politique. La représentation de files de prisonniers, bras et jambes entravés par des liens, est un sujet fréquent dans les carreaux de faïence décorant les palais des Ramsès.
13
L’Afrique des Routes. Vase sculpté d'une tête éthiopienne
Peintre de Darius 320 avant notre ère Italie. Pouilles, Apulie Céramique
14
L’Afrique des Routes. Les récentes datations des terres cuites permettent de situer la civilisation Sao entre le 2e siècle avant notre ère et le 14e siècle de notre ère. Une population cosmopolite, de passage ou sédentaire, réside dans les villes fortifiées sao. Les fouilles archéologiques ont mis au jour un matériel en terre cuite, en alliage cuivreux et en fer ; et des perles de cornaline et de pâte de verre, arrivées d'Égypte et d'Orient par le commerce à longue distance.
Statuette anthropomorphe
Entre le début du 8e et la fin du 10e siècle Civilisation sao
Tchad, au centre du sanctuaire de Tago Terre cuite
15
L’Afrique des Routes.
Statuette anthropomorphe
Entre le début du 8e et la fin du 10e siècle Civilisation sao
Tchad, au centre du sanctuaire de Tago Terre cuite
Statuette d'hippopotame
Entre le 2e siècle avant notre ère et le 2e siècle de notre ère Civilisation sao
Tchad, sanctuaire funéraire d'Azegen-Drik Terre cuite
16
L’Afrique des Routes. La ville actuelle de Djenné succède à Djenne-Jeno, à 3 km de distance, qui prospérait grâce au commerce entre le 5e siècle avant notre ère et le 10e siècle de notre ère.
Dès le 9e siècle, l'arrivée des Arabo-berbères et la conversion des élites à l'Islam sont à l'origine de la nouvelle Djenné. Port sur le Niger en amont de Tombouctou et ville carrefour, Djenné accueille la circulation entre les produits transsahariens vendus par les Berbères et ceux du sud Sahel acheminés par les commerçants islamisés dioula.
Pendentif
Vers le 15e siècle Mali, région de Djenné Alliage cuivreux
17
L’Afrique des Routes. Tête anthropomorphe
Entre 1350 et 1550 Daté par thermoluminescence Mali, région de Djenné Terre cuite
18
L’Afrique des Routes. Scène nilotique : La chasse des «pygmées»
1er siècle de notre ère Italie, Pompéi, casa del Medico
Fresque
 proximité d'une rivière sur laquelle naviguent une barque et une galère, de petits hommes noirs luttent ou dominent des crocodiles et un hippopotame. L'iconographie du « pygmée » se développe à l'époque romaine et accompagne les scènes nilotiques qui connaissent un grand succès dans les villas de Pompéi.
19
L’Afrique des Routes. TOMBOUCTOU
C'est en 1325 que l'empereur du Mali Kankan Moussa transforme Tombouctou, naissante au 11e siècle, en ville centrale et cosmopolite de l'Islam soudanais. La ville fut prise par les Touaregs au 15e siècle, puis par les Songhay. L'Askia Mohamed, devenu calife du Soudan, y attire au début du 16e siècle de nombreux savants et lettrés arabo-berbères. Tombouctou fut, surtout jusqu'à la conquête marocaine (1591), l'un des plus grands centres universitaires au monde où étaient enseignés le Coran, la théologie, la grammaire, les traditions, l'exégèse, le droit la rhétorique, la logique, l'astrologie, l'astronomie, l'histoire et la géographie.
20
L’Afrique des Routes. LE ROYAUME DE MUTAPA ET LA VILLE DE KILWA
À 350 km au nord de Zimbabwe, le royaume de Mutapa devient le nouveau centre économique de la région, à partir du 15e siècle. Mal connu des Portugais car ce royaume intérieur ne les accueille guère, il se réserve le monopole de la production d'or désormais exporté par le port de Kilwa. Devenu légendaire en Occident, le Monomo- tapa (ou Mutapa) apparaît dans une Fable de La Fontaine, « Les deux amis ».
21
L’Afrique des Routes. BENIN CITY
Quand les Portugais y entrent, en 1486, la ville, protégée par un mur d'enceinte de 12 km de long, s'appelle Edo. Elle est au 17e siècle « plus grande que Lisbonne » avec de terre (surtout celle du roi), alignées le long de rues très propres. Ville riche et active, relais entre le nord sahélien et le sud yoruba, elle produit, entre les 14e et 19e siècles, un art de cour en bronze fondu à cire perdue.
22
L’Afrique des Routes. Créée vers le 12e siècle, la ville dioula de Kong s'affirme au 18e siècle comme la capitale d'un royaume en expansion et l'un des centres importants du commerce panafricain. Une partie des résidents dioula serait originaire de Djenné et de Ségou (Mali). Kong est un carrefour entre les villes sahariennes - Tombouctou ou Djenné - et celles des forêts côtières d'Afrique de l'ouest. De Kong partent vers le nord l'or, les cotonnades indigo, la kola, le fer, le bétail, le karité pour la cos¬métique et les esclaves.
Masque facial de la société du do
19e siècle Style Dioula
Cote d'ivoire, région de Kong Alliage cuivreux
23
L’Afrique des Routes. LOANGO
La ville, installée sur une colline dominant la ville actuelle, s’est étendue au 16e siècle autour du palais. Le premier document mentionnant le royaume de Loango est une lettre du Manikongo Afonso au roi du Portugal (1535). La Compagnie néerlandaise des Indes orientales y crée un comptoir en 1610 pour acheter de l'ivoire et exporter des esclaves vers le Brésil.
Au 18e siècle, cette traite des esclaves enrichit une petite élite de commerçants vili. La concurrence effrénée des commerçants européens affaiblit le royaume qui disparaît au 19e siècle
24
L’Afrique des Routes. Depuis des millénaires, l'Afrique a commercé avec le reste du monde, recevant parfois, envoyant beaucoup. Les Africains ont toujours eu besoin de sel, importé du Sahara, échangé contre le fer et l'or. Les perles sont arrivées d'Orient depuis bien avant notre ère, et de Venise depuis le 15e siècle. L'ivoire africain fut importé depuis l'Antiquité jusqu’en Occident ; les Chinois et les Indiens en ont fait grand usage. Le cuivre d'Afrique centrale a circulé, et plus encore l'or, recherché par le monde depuis l'Antiquité. Ces métaux, et ces objets - perles, manilles, coquillages (cauris), tissus artisanaux - ont servi de monnaie depuis toujours ; des pièces d'or et d'argent ont été frappées et servent d'ornements et de bijoux aujourd'hui.
25
L’Afrique des Routes. Les légumineuses riches en sel - indispensable à l'homme - sont rares en Afrique. Le commerce du sel y est une constante dans l'histoire. Hérodote (5e siècle avant notre ère) évoque l'échange or contre sel « au-delà des colonnes d'Hercule », en l'occurrence le détroit de Gibraltar (Maroc). Les caravanes berbères parties de Sijilmasa le convoient vers Tombouctou par charges de quatre barres par dromadaire, à partir des salines saha¬riennes de Taoudeni et Teghaza. Il était ailleurs échangé contre le fer pour fabriquer les houes. Les Portugais, depuis le 15e siècle, l'échangeaient contre des esclaves. Seule la navigation à vapeur a réduit ces échanges séculaires.
26
L’Afrique des Routes. Barre de sel
Vers 1930
Éthiopie, Addis Abeba Sel
27
L’Afrique des Routes. L'Asie comme l'Europe convoitent l'ivoire africain au point d'en faire l'une des trois principales ressources d'importation depuis le continent, avec l'or puis les esclaves. Il circule déjà dans l'Antiquité comme le mentionne Hérodote au 5e siècle avant notre ère. La longueur importante de la défense de l'éléphant africain la distingue de l'ivoire asiatique, et les Indiens la recherchent. Les Berbères, les Arabes puis les Portugais interviennent aussi comme relais de cette marchandise dans les échanges. D'abord exporté brut, l'ivoire sculpté par des artistes africains parvient sur les tables ou dans les cabinets de curiosité des élites européennes à la Renaissance.
28
L’Afrique des Routes. Olifant dit « de la Chartreuse des Portes »
Italie, Salerne ou Amalfï
11e siècle
ivoire
Ce cor (ou olifant), découvert au 15e siècle dans une grotte de l'Ain (France), pourrait être une production italienne plus ancienne. La taille importante de la défense utilisée indique qu'elle appartenait à un éléphant africain. À cette époque dite romane, l'ivoire d'Afrique de l'Est, qui transitait généralement par l'Égypte, faisait l'objet d'un commerce intense entre les cités de l'Italie méridionale et Alexandrie ou Le Caire.
29
L’Afrique des Routes. LES PERLES
En corail, en cornaline ou en verre, les perles importées ont alimenté les échanges depuis l'Antiquité. Les perles de verre proviennent d'Égypte dans l'Antiquité, du monde arabe entre le 8e et le 15e siècle, puis de Venise et de Bohême depuis la fin du 15e siècle. Des perles indiennes, en cornaline notamment, sont attestées sur le continent au 13e siècle. En dehors de l'usage monétaire, les perles indiquent le prestige tant dans des parures que sur des ouvrages précieux. Sur la façade orientale de l'Afrique, elles sont réputées pour leurs vertus magico-religieuses.
30
L’Afrique des Routes. Masque buffle de chef kom tikar
19e siècle
Style de la chefferie d'Oku Cameroun, région du Bois, tissu Ndop, perles de Venise, cauris
La présence de perles tubulaires produites à Venise au 19e siècle et la technique de couture du perlage déterminent l'ancienneté de ce masque.
31
L’Afrique des Routes. Collier de perles en pâte de verre
Entre le 8e et le 10e siècle Mali
Produit au Moyen-Orient, ancienne Perse
32
L’Afrique des Routes. Perles micromosaïques dites « tapis »
Égypte, Alexandrie (7)
Pendentif protecteur Tawlz
Région de l'Est de la mer Méditerranée
33
L’Afrique des Routes. Statuette féminine
19e siècle Style Attié
Côte d'ivoire, région des Lagunes Bois, plaques d'or, perles, laiton
L'or d'Afrique de l'ouest est exporté vers le nord depuis l'Antiquité. Les peuples de ces régions aurifères le fondent aussi pour leurs parures et parfois pour leurs sculptures. Cette figure féminine provient du sud de la Côte d'ivoire où l'or du sous-sol est réputé détenir une force divine. Elle pourrait représenter une reine et tenait probablement une ombrelle, importée de pays exotiques et réservée à la royauté.
L'artiste a entièrement recouvert les interstices géométriques sculptés dans le bois par des fines plaques d'or. Elles sont jointes par de discrètes agrafes de laiton.
34
L’Afrique des Routes. Hache d'apparat
19e siècle
Style Songye
République démocratique du Congo Cuivre, alliage cuivreux, bois, fer
35
L’Afrique des Routes. Bague-pendentif menu so
19e siècle Style Songhay
Mali, région de Gao, village de Bamba
Collectée en pays dogon, cette bague fut acquise par un dogon d'Ireli auprès d'un forgeron songhay de Bamba.
36
L’Afrique des Routes. Boîte à poudre d'or
Fin du 19e - début du 20e siècle Style Akan
Côte d'ivoire ou Ghana Alliage cuivreux
37
L’Afrique des Routes. 3 Manille, monnaie
19e siècle
République du Congo, ville de Mindouli Cuivre
Une manille est un bracelet non fermé de cuivre ou de laiton dont la forme peut être variable (U, lyre, rond), produit en Afrique centrale pour les dots et comme monnaie.
4 Bracelet
19e siècle Style Fang Gabon
Alliage cuivreux
38
L’Afrique des Routes. L'OR
Avant la découverte de l'Amérique, la plus grande partie de l'or en circu¬lation dans le monde au Moyen Âge provient d'Afrique. L'or contrôlé par les grands empires de l'ouest africain, Ghana et Mali anciens, Songhay ou dans les régions forestières au sud (Ghana et Côte d'ivoire actuels) est exporté par le Sahara. La richesse en or du Ghana et le pèlerinage fastueux de l'empereur du Mali Kankan Moussa enthousiasmèrent d'ailleurs les chroniqueurs arabes.
Au sud, du 10e au 17e siècle, l'empire du Zimbabwe puis celui du Monomo- tapa (ou Mutapa) exportent l'or vers l'océan Indien. En 1886, Johannesburg prend le relais en Afrique du Sud.
39
L’Afrique des Routes. . Monnaie dinar
14e siècle Maroc, Sijilmassa. Collier 19e siècle. Or. Mali, ville de Ségou.
40
L’Afrique des Routes. Collier 19e siècle. Or. Mali, ville de Ségou.
41
L’Afrique des Routes. 6. Ornements de tempe
Début du 20e siècle Style Songhay Mali, Tombouctou Or
7. Pendentif ou ornement de tempe soro founé
Début du 20e siècle Style Songhay Mali, Tombouctou Or
42
L’Afrique des Routes. Casque
20e siècle Style Akan Ghana
Peau d'antilope or, bois, velours
43
L’Afrique des Routes. Boîte liturgique Ori Baayanni
Fin du 19e - début du 20e siècle
Style Yoruba
Nigeria
Cauris, perles de verre, cuir, métal
44
L’Afrique des Routes. Monnaie en forme de couteau de jet. Début 20e siècle. République centrafricaine.
45
L’Afrique des Routes. Monnaie mitaco
Fin du 19e - début du 20e siècle
République du Congo ou République centrafricaine
Alliage cuivreux
46
L’Afrique des Routes. 7. Pièce Thaler à l'effigie de Marie-Thérèse d'Autriche
18e siècle
Frappée en Autriche
Collectée en Éthiopie, Addis-Abeba
Argent
La circulation en Afrique orientale de cette pièce européenne a un impact important dans la confection d'objets africains en argent dès la fin du 18e siècle. Le métal était fondu pour des œuvres de prestige.
8. Pièce à l'effigie du roi Humbert 1er
19e siècle Frappée en Italie Collectée en Érythrée Argent
9. Pièce à l'effigie de l’empereur Haïlé Sélassié
Vers 1920. Ethiopie. Addis Abeba
Argent ou nickel.
47
L’Afrique des Routes. Camée représentant des bustes de l'Afrique et de l'Europe
16e siècle Sardonyx, or
48
L’Afrique des Routes. Camée représentant un « roi africain avec arc et carquois »
16e siècle
Agate, or, rubis, diamants
49
L’Afrique des Routes. Sceptre de la divinité du tonnerre ose shango
Début du 20e siècle Style Yoruba Bénin, région de Kétou Bois, pigments
50
L’Afrique des Routes. LES RELIGIONS AFRICAINES- AMÉRICAINES
Les 12 millions d'Africains déportés vers l'Amérique entre les 16e et 19e siècles sont convertis de force au christianisme ; toutefois certaines religions africaines subsistent, comme le vodou en Haïti. Cette religion est apportée par les esclaves Guédévi (sud du Bénin actuel) puis se combine à la religion des Kongo (Congo) camouflée sous un vernis catholique. Au Brésil, les esclaves déportés au 19e siècle sont yoruba, originaires de l'État d'Oyo (Nigeria) et de la ville de Kétou (Bénin). Leurs dieux orisa les accompagnent. En Haïti comme au Brésil, ces religions sont toujours vivantes.
51
L’Afrique des Routes. Statut magique nkisi nkondi
19e siècle. Style Konga. Congo. Ville de Loudima.
Bois, fer et pigments locaux : coton et faïence importée.
Cette statue, au corps transpercé par des lames de fer et des couteaux, est un réceptacle de puissances du monde invisible. Activée par une charge magique, elle était confectionnée par un devin (nganga). Il l'utilisait pour identifier les causes de malheurs, détecter les fauteurs de troubles ou sceller des accords entre parties adverses.
52
L’Afrique des Routes. Statue de divination kafigeledio
Fin du 19e siècle – début du 20e siècle.
Style Sénoufa. Côte d’ivoire.
Bois, tissu, plumes, poils, cauris, matières composites, sang animal
Cette statuette, dont le nom signifie « celui qui dit la vérité », incarne un esprit de la nature. Elle était manipulée par des grands initiés de la société du Poro lors de cérémonies, ils détectaient les auteurs de méfaits ou de faux témoignages. La toile qui enveloppe la sculpture est maculée du sang des sacrifices effectués afin de s'attirer les faveurs de l'esprit.
53
L’Afrique des Routes. Gardien de reliquaire ngulu
19e siècle. Gabon.
Bois, cuivre, alliage cuivreux dont douilles européennes.
Cette effigie d'ancêtre d’une grande abstraction surmontait un panier-reliquaire qui contenait les ossements des membres d’un même lignage. Sculptée en bois, elle était ensuite recouverte de plaques cuivreuses ou encore de douilles de cartouches de fusil européen. La conversion massive au christianisme à partir de la fin du 19e siècle a conduit à l'abandon de ces reliquaires et de leurs gardiens sculptés.
54
L’Afrique des Routes. Figure de Yemandja, divinité des eaux
Vers 1950
Brésil, Salvador de Bahia
Plâtre peint, coquillages, aluminium, fer, perles
55
L’Afrique des Routes. Masque sibondel, cheval ailé al-Burâq
Entre 1950 et 1960 Style Baga Guinée
Bois, pigments chimiques
La structure du sibondel est très proche des castelets de marionnettes bamana et bozo du Sahel, à plus de 1000 kilomètres de la région baga. La forme est apparue vers 1935 par l'intermédiaire du sculpteur baga, Kanfori Kinson. Cette transmission formelle serait passée par les jeunes hommes baga et bamana enrôlés dans la construction de la voie de chemin de fer entre Conakry (à l'ouest de la Guinée) et Kankan (à l'est).
56
L’Afrique des Routes. Masque sibondel, cheval ailé al-Burâq
Entre 1950 et 1960 Style Baga Guinée
Bois, pigments chimiques
Musée du quai Branty-Jacques Chirac, Paris
Inv. 73.1964.16.8
La structure du sibondel est très proche des castelets de marionnettes bamana et bozo du Sahel, à plus de 1000 kilomètres de la région baga. La forme est apparue vers 1935 par l'intermédiaire du sculpteur baga, Kanfori Kinson. Cette transmission formelle serait passée par les jeunes hommes baga et bamana enrôlés dans la construction de la voie de chemin de fer entre Conakry (à l'ouest de la Guinée) et Kankan (à l'est).
57
L’Afrique des Routes. Masque anthropomorphe kondem
20e siècle
Style Malinké musulman. Guinée
Bois, aluminium, alliage cuivreux, miroir
58
L’Afrique des Routes. Figure d'ombres: 'Antara, héros bédouin
Fin du 19e - début du 20e siècle Syrie, Damas Cuir, pigments
‘Antara ibn Chaddad est un poète chevalier à (a bravoure légendaire. Son père était l'un des chefs d'une grande tribu arabe, les Banu 'Abs. Sa mère, Zabiba, était une esclave abyssine (éthiopienne). Tout au long de son recueil, 'Antara mettra en avant, avec subtilité et force, sa fierté d'être noir de peau tout comme il parviendra, grâce à son génie poétique, à triompher des préjugés qui le condamnaient à une condition servile.
59
L’Afrique des Routes. Statue de missionnaire catholique
Début du 20e siècle Style Kongo Yombe Angola, enclave de Cabinda Bois, peinture
Statue de la vierge Marie avec l'Enfant Jésus
Début du 20e siècle Madagascar
Bois, fibres végétales, verre
60
L’Afrique des Routes. LE JUDAÏSME
Ménélik 1er, fils du roi Salomon et de la Reine de Saba (10e siècle av. notre ère), est le premier roi juif africain établi en Éthiopie.
À la fin du 15e siècle, des juifs européens sont chassés d'Espagne et du Portugal vers le Maghreb, le Cap-Vert et la côte sénégambienne. Le voyageur Léon l'Africain mentionne au 16e siècle la présence de juifs africains à Tombouctou.
Encore aujourd'hui, des lignages africains se reconnaissent dans l'une des légendaires « dix tribus perdues » de l'Ancien Testament et se convertissent au judaïsme. Si la religion juive reste marginale en Afrique subsaharienne, des mouvements panafricanistes africains-américains du 20e siècle revendiquent leur origine africaine juive.
61
L’Afrique des Routes. La légende de la reine de Saba et du roi Salomon
Vers 1930 Style Amhara Éthiopie. Addis Abeba Huile sur toile
62
L’Afrique des Routes. LA REINE DE SABA
Le récit de la reine de Saba et du roi Salomon est commun au judaïsme, au christianisme et à l'Islam. Il incarne la conversion aux religions du Livre. La protagoniste serait éthiopienne ou yéménite. Dans l'Ancien Testament, c'est à Jérusalem que la Reine de Saba rencontre le roi Salomon « avec un équipage très considérable, des chameaux portant des aromates, de l'or en très grande quantité, et des pierres précieuses ». De leur union naît Ménélik, qui aurait dérobé les textes hébraïques sacrés dits « Table de la Loi ». Cet épisode légendaire se serait déroulé vers le 10e siècle avant notre ère.
63
L’Afrique des Routes. Sceau de Salomon
Fin du 19e siècle Éthiopie Fer
64
L’Afrique des Routes. Fer d'esclave
Début du 20e siècle
Collecté en Éthiopie, Addis Abeba
Fer
65
L’Afrique des Routes. Ex voto « Le Saphir »
1741
Huile sur toile
Conservée dans la chapelle des Marins de la Cathédrale de La Rochelle DRAC Nouvelle Aquitaine/CRMH
Cet ex-voto était destiné aux marins français qui embarquaient sur les bateaux de traite négrière. Les principaux ports de traite français étaient établis à Nantes, Lorient, La Rochelle et Bordeaux.
66
L’Afrique des Routes. Poteau funéraire
20e siècle Style Dayak Indonésie, Grandes îles de la Sonde, Kalimantan. Bois de fer
67
L’Afrique des Routes. Poteau funéraire
Fin du 19e - début du 20e siècle Style Bongo Soudan du Sud Bois
68
L’Afrique des Routes. Masque d'initiation masculine ejumba
Vers 1880 Style Diola Sénégal Casamance
Fibres végétales, cornes de bœuf, coquillages, graines d’abrus precatorius.
69
L’Afrique des Routes. Tête de roi l’autel palatial
Entre 1800 et 1850. Style Edo, Nigéria. Bénin City Alliage cuivreux
Du 13e au 16e siècle, les alliages cuivreux de Bénin City sont réa¬lisés à partir de matières premières régionales. Le savoir-faire est transmis par les forgerons d'Ifé, plus au nord. Dès le 16e siècle, les Portugais transforment le cuivre congolais en bronze, notamment sous forme de manilles. Ils en échangent près de 30 tonnes avec Bénin City, une partie est réutilisée pour les œuvres royales.
70
L’Afrique des Routes. Bracelet orné de figures animales stylisées
Vers le 16e siècle Style Yoruba Nigeria
Alliage cuivreux
71
L’Afrique des Routes.
De haut en bas : Masque de la société d'initiation masculine go kono
Fin du 19e - début du 20esiècle
Style Guerzé
Guinée
Bois, matériaux organiques, sang animal, corne, corde, fer
Masque funéraire mi-homme mi- buffle
Fin du 19e - début du 20e siècle Style Chamba
Nigeria, région du fleuve Bénoué Bois
Masque de la société d'initiation masculine du kono
Fin du 19e - début du 20e siècle Style Bamana
Mali, village de Dyabougou
Bois, sang animal, matériaux organiques
72
L’Afrique des Routes.
L’Afrique des Routes. Masque bovidé nyatti
Fin du 19e siècle - début du 20e siècle Style Douala
Cameroun, ville de Douala Bois, fer, pigments
73
L’Afrique des Routes.
L’Afrique des Routes. Masque banda homme, crocodile, caméléon, antilope et serpent
Fin du 19e - début du 20e siècle StyleNalou Guinée
Bois, pigments, métal
74
L’Afrique des Routes.
L’Afrique des Routes. Masque heaume kiyunde
Début du 20e siècle Style Tabwa
République démocratique du Congo, frontière Zambie et Tanzanie
Bois, clous de tapissier
75
L’Afrique des Routes.
L’Afrique des Routes. Couple royal Lueji et Chibinda
Ilunga
19e siècle
Style Tshokwe Angole, Province Lunda du sud
76
L’Afrique des Routes.
L’Afrique des Routes. Sceptre surmonté de la figure du héros Chibinde llunga
Fin du 18e - début du 19e siècle
Style Tshokwe
Angola
Bois
77
L’Afrique des Routes.
L’Afrique des Routes. Aigue marine. Béryl
Namibie, Erongo
78
L’Afrique des Routes.
L’Afrique des Routes. Sommet de masque
Vers 1950
Style Baga
Guinée
Bois, pigments
Ce masque masculin révèle les ambitions de la vie future d'un jeune homme, les routes aériennes sont évoquées par le pélican. L'oiseau porte aussi sur son dos deux jeunes femmes africaines encadrant un colon. Il tient entre ses mains un masque baga.
Il pourrait s'agir d'Henri Labouret, administrateur colonial français, qui collecta dans les années 1930 de nombreux objets en Guinée et au Cameroun pour le musée de l'Homme (Paris).
Aujourd'hui, l'avion a supplanté l'image de l'oiseau sur ce type de masque
79
L’Afrique des Routes.
L’Afrique des Routes. Porte de maison, dite du « capitaine Marchand dans son hamac »
Début du 20e siècle Style Baoulé Côte d’Ivoire Bois, pigments, cheveux
80
L’Afrique des Routes.
L’Afrique des Routes. Autel aux emblèmes du roi Béhanzin
Bénin. Abomey Alliage cuivreux, argent
81
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Les forêts natales
82
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
83
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
84
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
85
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
86
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Masque cimier, société d'initiation Ciwara
Population Bamana
Mali, Bamako
Avant 1930
Bois, fibres végétales, coton, ficelle
87
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Serrures.
88
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Royaume du Danhomè.
Siège royal
Population fon, style yoruba
Bénin, ville de Cana Fin 18e-début 19e siècle bois, pigments
De style yoruba, ce trône monoxyle provient de Cana, située à vingt kilomètres d'Abomey. Considérée comme sacrée, cette ville accueillait régulièrement les rois de la dynastie pour des cérémonies et des rituels. Certains rois possédaient à Cana des palais secondaires.
Les prisonniers destinés au commerce des esclaves de Ouidah, sur la côte, y faisaient une halte. Cette œuvre représente le roi, entouré de ses servantes, se tient sous un parasol, et surplombe une file d'esclaves entravés. L'artiste anonyme yoruba tenait son style, et son origine, d'une région voisine conquise par le Danhomè.
89
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
90
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
91
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Cuillers
Population Edo
Nigeria, royaume de Bénin
16e siècle ivoire d'éléphant
92
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Rouleaux protecteurs.
Ethiopie. Entre 1820 et 1870.
Parchemin, pigments.
93
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Rouleaux protecteurs.
Ethiopie. Entre 1820 et 1870.
Parchemin, pigments.
Ange. La représentation de l’ange brandissant son épée est courante en Éthiopie chrétienne dès le XVe siècle dans les livres de protection. Certaines figures d’anges qui sont visibles sur les rouleaux protecteurs sont parfois identifiées par une inscription. Il peut s’agir de Michel, de Gabriel, de Phanouël – l’ange le plus invoqué dans les prières- ou de Ragouël. Ici, aucune mention ne faisant référence au dessin, il s’agit simplement d’un ange gardien, l’épée sortie du fourreau prêt à combattre Satan et les démons.
94
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Haïti, Charroux.
Milieu XXe siècle.
Fer, Tissu.
Ce paquet « Carrefour » arbore un crucifix ; mais cette croix signifie la croisée des chemins. Il s’agit d’un talisman placé sous l’influence des Gédé, génies de la mort.
95
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Éthiopie
La peinture chrétienne
Saint Georges cavalier
Éthiopie, Gondar, église d'Abba Antonios Fin 17e - début 18e siècle peinture sur toile
96
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
97
Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Mât héraldique dit « mât de l'Ours »
Population Nisga'a, Tsimshian Canada, Colombie britannique, rivière Nass, village d'Angidah Vers 1880
bois de cèdre, polychromie
Les figures de ce mât, érigé en mémoire d'un chef local, représentent les personnages du mythe de Peesunt. Cette jeune fille enlevée par les ours donna naissance à des jumeaux, mi-hommes, mi-ours. A sa base, la mère ourse, emblème du clan, est assise avec l'un des jumeaux. Les trois petites figures sont d'autres descendants de Peesunt et du grizzli, représenté au sommet.
98
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
La cathédrale de la Sainte-Trinité de Paris est une cathédrale orthodoxe de styles architecturaux byzantin et russe, surmontée de cinq clochers à bulbe traditionnels en matériau composite recouvert d'or mat, et d'une croix orthodoxe. Elle a été construite par l'architecte Jean-Michel Wilmotte.
99
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
Elle est surmontée de cinq bulbes fabriqués à Vannes (Morbihan) et constitués de vingt pétales de fibre de verre, recouverts de 90 000 feuilles d'un alliage d’or et de palladium, ce qui leur confère un aspect relativement mat. Ces cinq bulbes symbolisent le Christ et les quatre Évangélistes du Nouveau Testament : Jean, Luc, Marc et Matthieu. Le plus grand mesure 17 m de circonférence et pèse 8 tonnes.
100
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
101
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
102
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
103
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
104
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
105
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
106
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
107
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
108
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
109
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
110
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
111
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
112
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
113
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
114
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
115
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
116
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
117
Cathédrale de la Sainte-Trinité.
118
Pont de l'Alma.
119
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire.
CHRÉTIEN D’ORIENT D’ICI ET D’AILLEURS
Au début du XXe siècle les chrétiens comptaient pour plus de 20% de la population du Moyen-Orient, ils sont aujourd’hui moins de 3% (le Liban, environ 30% et l’Égypte, environ 9%, restent les foyers les plus importants). Les causes de l’émigration furent longtemps économiques mais aujourd’hui l’ampleur du mouvement et sa nature sont inquiétantes et posent la question de la diversité du monde arabe.
La géographie humaine des Arabes chrétiens en Égypte, Jordanie, Syrie Palestine, Irak, et au Liban, clôture l’exposition. C’est sous le regard de photographes arabes et européens que les visages de ceux qui sont aujourd’hui partie prenante de ces territoires, confrontés à des situations politiques, sociales très diverses s’expriment. Dans l’intimité d’une chambre, autour d’un café, en lisant les mots d’amour échangés par de futurs mariés, en suivant les milices chrétiennes ayant tenu la ville d’Al-Qosh qui résiste à Daech, ou encore en contemplant la beauté d’adolescents passant le temps à Damas... ces artistes photographes nous dessinent une réalité de vie qui fait, de ces populations, les membres sensibles participant jour après jour, avec courage, à la diversité du monde arabe.
120
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire.
L’expression «Chrétiens d’Orient» est aujourd’hui communément employée en France pour désigner les chrétiens du Proche et Moyen-Orient. De l’Euphrate jusqu’au Nil. L’exposition s’intéresse aux chrétiens du monde arabe vivants dans les territoires actuels de la Syrie, du Liban, de l’Égypte, de la Jordanie, de l’Irak et de Palestine. Formée de plusieurs Églises, aux origines historiques et géographiques spécifiques, les chrétiens du monde arabe sont présents sur ce sol depuis l’avènement du christianisme, né au cœur de cette région il y a 2000 ans.
À l’heure où l’émigration, l’exil et un avenir incertain sont le lot des chrétiens du monde arabe.
Mous proposons ici une découverte de leur culture au travers d’un voyage dans le temps, depuis les premières communautés jusqu’à aujourd’hui, mettant en lumière le rôle majeur que les chrétiens ont joué dans le développement politique, économique, culturel, intellectuel et religieux de cette zone géographique.
Aujourd’hui, en dépit de toutes les vicissitudes de l’histoire ancienne et contemporaine, les chrétiens, au Proche et au Moyen-Orient, ne sont pas les traces résiduelles d’un passé caduc, mais les parties prenantes d’un monde arabe à la construction duquel ils ont largement contribué. Au-delà de la préservation du patrimoine matériel et immatériel, la question de leur maintien sur ce sol dans les années à venir est aujourd’hui ouverte et avec elle, celle de la diversité du monde arabe et de sa riche histoire.
121
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire ICÔNE REPRÉSENTANT SAINT MARC (?) TENANT LE LIVRE DES ÉVANGILES
Égypte, VIe siècle
Bois de sycomore, peinture à l’encaustique
Cette peinture sur bois représente un évêque tenant les Évangiles et témoigne de l’art de l’icône dans l’Égypte chrétienne ancienne. Elle comporte une inscription copte indiquant: « Notre père, Marc l’Évangéliste ». Le terme d’« évangéliste » peut renvoyer dans l’Antiquité tardive à celui qui proclame l’Évangile lors de la messe. Mais on ne peut exclure qu’il s’agisse de l’évangéliste Marc lui-même qui fut évêque d’Alexandrie et entreprit l’évangélisation de l’Égypte.
122
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire MOSAÏQUE DE PAVEMENT AVEC LA REPRÉSENTATION DE LA VILLE DALEXANDRIE
Église Saint-Jean-Baptiste, Jérash, Jordanie, vers 531
Mosaïque de pavement
Cette mosaïque provient du pavement de l’église Saint-Jean-Baptiste située dans la ville antique de Jérash, au nord d’Amman en Jordanie. Elle date de 531 et représente la ville d’Alexandrie, dont le nom est inscrit en grec. La cité d’Égypte, siège d’un des cinq patriarcats, était alors un phare spirituel et intellectuel de l’Empire romain d’Orient, en rivalité avec Antioche, capitale de la Syrie romaine. La Jordanie, ancienne province de Palestine, conserve de magnifiques mosaïques, exhumées à l’occasion de fouilles. Celle que nous exposons est l’une des rares qui soient transportables.
123
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire TISSU DE SOIE AVEC SCÈNE DE L’ANNONCIATION
Syrie (?), vers 800
Soie polychrome, tissage en sergé
Ce précieux fragment en soie fut retrouvé avec des pièces semblables dans la chapelle du Sancta Sanctorum de la basilique du Latran à Rome (1905).
Il faisait partie d’un ensemble de tissus et d’objets somptueux offerts par les papes d’origine orientale aux églises de Rome. La Vierge est assise sur un trône richement décoré, filant la laine pourpre destinée au voile du temple de Jérusalem, tandis que l’ange Gabriel, vêtu d’or et de blanc, les ailes comme en mouvement, vient lui annoncer qu’elle va porter un enfant. Le fragment faisait partie d’une pièce de tissu plus large où le motif en médaillon était répété.
124
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire La ville de Doura-Europos, près de l’Euphrate, a révélé la plus ancienne chapelle privée ornée de fresques aujourd’hui connue. Au IIIe siècle, alors que la pratique du christianisme est encore illégale, les chrétiens se réunissent dans des lieux privés, comme la . maison (domus). Ce lieu va perdre sa fonction domestique pour devenir un véritable lieu de culte : la domus écclesiae. Cette nouvelle utilisation s’accompagne de modifications architecturales et décoratives, et notamment d’une iconographie inédite privilégiant les symboles de bienveillance et d’espérance, à : l’image, du message du Christ. Ces deux fresques provenant d’un baptistère font partie de la première représentation connue du cycle complet de la vie du Christ.
FRESQUE REPRÉSENTANT LÀ GUÉRISON DU PARALYTIQUE
FRESQUE REPRÉSENTANT LE CHRIST MARCHANT SUR LES EAUX
Doura-Europos, Syrie, 232 Fresque
125
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire L’ÉVANGÉLISATION ET LES PREMIÈRES COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES
L’évangélisation s’est faite en araméen, langue du Christ et en grec, langue la plus couramment utilisée dans la partie orientale de l’Empire romain. Elle est rattachée aux figures des apôtres, envoyés par le Christ lui-même pour faire connaître son message après sa mort. Selon la tradition, Alexandrie fut évangélisée par l’apôtre Marc tandis que les apôtres Pierre et Paul se rendirent jusqu’à Rome, Paul partant d’Antioche et Pierre de Jérusalem. C’est à l’apôtre Thomas, et ses disciples Addaï et Mari, qu’est attachée l’évangélisation de la Perse et de l’Inde. Les Évangiles, transmis en grec, de même que la Bible, dans sa version grecque, sont rapidement traduits en d’autres langues, comme le syriaque (nom donné à l’araméen dans son usage chrétien) mais également le copte, la langue des chrétiens d’Égypte.
126
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire TEXTILE AU CHRISME
Egypte, Ve siècle Tapisserie
127
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire MAIN VOTIVE TENANT UNE CROIX
Égypte ou Palestine, Ve-VIe siècle Bronze coulé
128
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire RELIQUAIRE
Tell Hesban, Jordanie, 505
Marbre
129
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire NAISSANCE DU CHRISTIANISME EN ORIENT
L’ancienneté des communautés chrétiennes du Proche-Orient remonte au Christ lui-même.
De son vivant, sa renommée s’était répandue dans les régions de sa prédication en Galilée, en Judée et à Jérusalem, mais également au Liban en Syrie, en Transjordanie et en Égypte. Dès sa mort, puis sur les pas des Apôtres, des communautés chrétiennes se constituent, d’abord dans les milieux juifs, avant de s’ouvrir aux païens. C’est à Antioche, capitale de la Syrie romaine, que le nom de «chrétiens» a été pour la première fois donné aux disciples du Christ. Le christianisme gagne l’ensemble du pourtour de la Méditerranée en moins de deux siècles, mais c’est avant tout dans cette partie orientale de l’Empire romain qu’il se développe le plus fortement. La Syrie et l’Égypte sont parmi les régions les plus christianisées au IIIe siècle. L’Empire perse voisin (Irak et Iran actuels) voit également se développer des communautés chrétiennes, évangélisées à partir de la ville d’Édesse (actuelle Urfa en Turquie). Subissant des persécutions régulières, le culte chrétien s’organise le plus souvent dans l’intimité des maisons particulières. On appelle ces lieux de culte privés domus ecclesiae, «maison de l’assemblée».
130
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire CODEX SINOPENSIS (ÉVANGILE SELON MATTHIEU)
Guérison des deux aveugles de Jéricho Syrie, VIe siècle Codex, parchemin
Le Codex Sinopensis doit son nom au port de la mer Noire où il a été découvert à la fin du XIXe siècle. Le texte grec a été écrit à l’encre d’or sur un parchemin uniformément teint en pourpre, qui est, dans l’Empire byzantin comme dans la majorité des civilisations, la couleur du pouvoir.
Le manuscrit est illustré et présente plusieurs miracles dont celui de la guérison des deux aveugles de Jéricho
131
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire Fragment de relief : Saint Marc et ses successeurs ( ?).
Alexandrie (?), VIIe siècle (?)
Ivoire teint
132
Chrétiens d'Orient. Deux mille ans d'histoire PLAQUE AVEC LE CHRIST ENTRE SAINTS PIERRE ET PAUL; APPARITION DE L’ETOILE AUX BERGERS
Méditerranée orientale,
Ière moitié du VIe siècle
Ivoire teint