L'abbaye de la Sauve-Majeure
Basilics et dragons La dernière composition est parfaitement symétrique, on trouve deux basilics (coq et serpent) — à ne pas confondre avec la cocatrix, un être « inventé » au XIVe siècle — qui sont affrontés à l'angle de la corbeille. Les queues, couvertes d'écailles, sont dressées au-dessus des dos. Entre leurs pattes, se trouve un couple de dragons serpentiformes qui sont entrelacés. Les quatre animaux tiennent entre leurs griffes des fruits ronds. Individuellement, le basilic est un animal maléfique qui tue « par un seul regard ». Les paires de basilics que l'on trouve affrontés à un arbre de vie ou au calice eucharistique ont une signification plus restrictive, surtout quand on les trouve souvent associés à des serpents/dragons. Les serpents, symboles de la luxure, associés à deux mâles se frottant les becs comme des oiseaux au printemps, est une stigmatisation des amours masculines. La place d'honneur dans l'église réservée à ses rappels indique le souci du risque amoureux ; l'entrée dans les ordres n’éteignait pas les passions physiques. En résumé, l'iconographie de la partie nord du chevet est placée sous l'emprise de Satan. On trouve six thèmes qui ont pour objet les tentations qu'il inflige aux hommes. Seul, le dernier chapiteau figuré suggère aux fidèles de lutter contre elles, par l'exercice personnel (homme combattant le lion) ou par la raison (Chiron tuant le centaure pécheur), pour que l'âme puisse accéder à « l’immortalité du Paradis » où les griffons l'attendent.